Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/527

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Les Francs-Maçons de la ville, qui se réunissent dans un petit établissement comme celui qu’a décrit Goncourt dans la Fille Elisa, ont juré de perdre ce naïf et cet ingénu. Le juge d’instruction se voit déjà garde des sceaux s’il peut faire condamner cet innocent. Le musicien est arrêté sous une inculpation abominable.

On obtient un premier succès. La supérieure de l’établissement de Saint-Maur tombe morte quand on vient lui raconter ce qui se prépare. Comment de telles choses auraient-elles pu se passer ? Il y a impossibilité matérielle. Une Sœur est toujours présente aux leçons de musique auxquelles assistent les parents.

Le prisonnier n’en reste pas moins au secret pendant trois mois, se débattant en vain contre cette horrible accusation. Trois fois l’instruction est close faute d’une base quelconque aux imputations ; trois fois la Franc-Maçonnerie la fait reprendre. Enfin la Cour d’assises acquitte le malheureux musicien contre lequel il n’y a pas l’ombre d’une preuve. « C’est égal, dit un des meneurs de l’affaire, nous l’avons tout de même empêché de faire jouer sa musique à la cathédrale. »

Les humbles tiennent quand même ; on les prend par la famine. Au fond du onzième arrondissement, rue des Trois-Bornes, une indigente famille se lamente autour du lit où l’un de ses enfants agonise. Il n’y a ni pain pour les parents, ni médicaments pour l’enfant ; on attend anxieusement la réponse à une demande adressée au bureau de bienfaisance… La réponse arrive… Les parents ont déclaré jadis qu’ils envoyaient leur fils ainé à l’école des Frères, on leur envoie pour tout secours un récépissé de cette déclaration.

Cette blague atroce n’est-elle pas bien franc-maçonni-