Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/528

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que ? N’y sentez-vous pas bien l’âpreté ricaneuse et froide des maîtres du jour, des aventuriers de tous les pays qui se partagent l’argent que certains catholiques imbéciles continuent à verser à nos bureaux de bienfaisance ?

Ce que sont ces bureaux, un ouvrier l’a dit dans une réunion publique où il signalait nominativement un des commissaires comme étant inscrit lui-même sur la liste de l’assistance publique. Ignotus, en rappelant que sur deux cent quarante administrateurs, cent quatre-vingt-dix avaient été chassés, a constaté que, parmi les remplaçants nommés, il se trouvait « des marchands de vin, des blanchisseurs dont quelques-uns, ayant leur famille inscrite au bureau même, payaient le ménage avec l’argent des aumônes[1]. »

L’exemple que nous citions plus haut n’est pas isolé. La jovialité cynique, la joie bruyante du mal accompli est un des traits de la persécution actuelle. Le grand bonheur d’un inspecteur de l’instruction publique, quand il a devant lui une religieuse, c’est-à dire quand il peut être insolent impunément, est de salir ce qui est pur, d’imaginer une question équivoque, de risquer un mot à double entente qui fait éclater de rire les frères et amis répandus dans la salle.

— Qu’est-ce qu’un libertin ? demande un inspecteur à une Sœur.

— Je n’ai pas à répondre à cette question que vous ne m’adressez qu’à cause de l’habit que je porte.

  1. Figaro 14 mai 1883.
        Il y a toujours des gens qui vont trop loin. Cuvillier, marchand de graines à La Chapelle, était de ce nombre ; il payait ses employés et jusqu’à son tailleur avec des bons du bureau de bienfaisance ; le scandale parut dépasser la mesure et au mois de janvier 1886 il fut condamné par la 11e Chambre à huit mois de prison.