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Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/531

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un peu tardive, donna l’ordre de mettre en liberté cette pauvre femme. Elle n’en avait pas moins passé onze jours en prison parmi les gens sans aveu, traitée comme une criminelle.

Le juge de paix de Pont-de-l’Arche, qui avait commis une véritable forfaiture, ne reçut pas même un blâme ; il fut au contraire félicité par le garde des sceaux, du moins s’il faut en croire ce misérable qui affirmait hautement que cet acte de bon plaisir lui vaudrait de l’avancement. En tout cas il est toujours en fonctions.

Si vous voulez voir ce qu’est l’égalité devant la loi, transportez-vous au Corps législatif. Nul ne s’est occupé de cette paysanne qui a porté sept enfants dans ses flancs et qu’on a jetée dans un cachot au mépris de tout droit.

Il s’agit maintenant d’une Prussienne, femme d’un Belge condamné pour vol, exerçant publiquement la prostitution et donnant ses rendez-vous dans un garni tenu par la mère de son mari[1].

Les représentants de la France s’occupent de cette intéressante créature pendant toute une séance. Delattre flétrit à la tribune les agents qui ont osé arrêter cette femme au moment où elle raccolait les passants. Toute la gauche naturellement soutient l’orateur. Une prostituée, une Prussienne, un repris de justice belge, il y a bien dans ce ragoût tous les ingrédients qui plaisent à ces palais de cosmopolites. Il se dégage bien de cette fange cet arôme que les Spuller, les Steeg, les Lockroy hument avec délices.

  1. Consulter à ce sujet le livre de M. Macé, le Service de sûreté, auquel nous avons fait déjà plus d’un emprunt. L’ancien chef de la sûreté déclare avoir toutes les pièces à la disposition de ceux qui voudraient être édifiés sur la cliente de M. Delattre et sur M. Delattre lui-même.