Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/542

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bizarre contraste avec la clarté radieuse de cette journée de juillet.

Cette lumière venait de la chambre funèbre. Quelle chambre ! Quelque chose du plus indigent qu’une cellule, une vaste pièce carrelée ouverte à tout vent, au fond un lit d’enfant et dans ce lit, sur une paillasse crevée, sous une couverture qui valait bien vingt sous, un petit vieillard étendu les mains jointes. Une veilleuse achevait de se consumer dans un verre et près du lit une bière taillée à la hâte dans un sapin non raboté, tout fruste, attendait…[1].

Je ne saurai vous exprimer l’émotion que produisait la vue de ce petit vieux et le dégoût qui vous prenait de ces républicains gorgés de tout, trafiquant de tout, agiotants sur tout et songeant à venir chercher ce solitaire et cet humble pour le jeter la nuit dans la neige.

Pour tout meuble dans cette chambre une chaise cassée ; sur une tablette de bois blanc quelques prospectus d’ou-

  1. Le sous-prèfet poursuivit sa victime jusque dans la mort ; le religieux avait demandé à être enterré dans son cher Hermitage ; l’autorisation fut brutalement refusée.
        Le même fait s’est d’ailleurs reproduit à peu près partout. Voici ce qu’écrivait à l’Univers, au mois d’avril 1884, le vénérable abbé de Solesmes, dom Couturier.
        « Un de nos vieux frères, chassé comme nous de l’abbaye, il y a quatre ans, vient de mourir dans un département voisin. En mourant, il avait sollicité la grâce d’être enterré dans le cimetière de la paroisse de Solesmes, dont le nom lui rappelait tant et de si chers souvenirs. Cette grâce paraissait facile et n’avait rien qui put compromettre l’intérêt public. La demande en fut donc faite au nom de la famille du défunt. Mais au bout de 24 heures d’hésitation et de négociations sans doute avec le ministère, le préfet a répondu par ce singulier télégramme :
        « La famille du défunt n’habitant pas Solesmes, il n’y a aucun motif d’accorder l’autorisation que vous demandez de transporter dans cette commune le corps du défunt. »