Aller au contenu

Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/544

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naires et des filous, mais il y a une exception : Freycinet.

C’est précisément cette intégrité privée qui fait de Freycinet un personnage représentatif, lui aussi, et comme l’incarnation d’une certaine situation d’esprit commune en France à l’heure qu’il est. Avec Constans et Cazot, par exemple, tout est clair : « A quelle heure et combien ? » Ferry, lui, n’agit pas lui-même et dit : « Demandez le prix à la bonne, voyez mon frère à la banque Franco-Égyptienne. » Le mobile de Freycinet est différent. Ce qui domine en lui c’est la lâcheté intellectuelle et morale, c’est cet abaissement de caractère qui a mis tout ce qu’il y avait d’honnête en France à la merci d’une petite bande de Francs-Maçons et de Juifs[1].

Entrez dans cet hôtel de la rue de la Faisanderie, vous y trouverez Philémon et Baucis. L’homme et la femme sont

  1. Je vous citerai dans cet ordre un fait de peu d’importance, sans doute, mais topique. Je le tiens de Camille Doré, un brave lieutenant de vaisseau devenu journaliste, et qui certainement s’il a juré quelquefois, quoique bon chrétien, n’a jamais menti de sa vie. Quelques mois avant les décrets, il rencontre Bethmont avec lequel il avait été élevé. — Comment va ton fils ! demande-t-il. — Oh ! admirablement ! Je suis enchanté de ses progrès maintenant que je l’ai mis chez les Jésuites.
        Bethmont n’en vota pas moins l’ordre du jour Devès demandant l’expulsion des congréganistes. — Comme tu es canaille ! lui dit Doré quelque temps après.— Bah ! mon cher, l’intérêt avant tout !
        Un tel acte n’est-il pas caractéristique de la part d’un homme dont le père a été élevé gratuitement par des religieux, de la part d’un homme surtout que la faim n’étreint pas ?
        Notez que le monde, qui sera sévère pour une femme qui se livrera pour manger, ou pour un affamé qui volera un pain, n’aura que des sourires pour cet homme qui s’est absolument vendu en consentant, pour une place de président à la Cour des comptes, à proscrire des religieux qu’il jugeait irréprochables puisqu’il leur confiait son enfant.