Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/545

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allés jadis de compagnie pour se convertir à Solesmes et le mari, n’oubliant pas dans son zèle de catéchumène qu’il était candidat pour le conseil général à Montauban, a même demandé au Père abbé une recommandation pour l’évêque du diocèse. — J’imagine que ces deux vieillards, en causant au coin du feu, se remémorent l’un à l’autre les circonstances de leur voyage d’autrefois.

— Te rappelles-tu ce religieux qui nous faisait si bon accueil et que tu remerciais si chaleureusement, qu’est-il devenu ?

— Ma foi ! je n’en sais rien ; il doit errer sur une route quelconque, car je viens de mettre la gendarmerie après lui.

C’est contre le pauvre encore, contre le pauvre uniquement, qu’est édictée la loi scolaire. Le riche trouvera toujours le moyen de faire élever ses enfants chrétiennement, le pauvre ne le peut pas ; pour lui l’athéisme est obligatoire. On a appelé des petits Mortaras laïques, ces enfants qu’on arrache violemment à la religion de leurs pères. Le mot n’est juste qu’à moitié. On ne leur donne même pas une religion à la place d’une autre. Les malheureux, pour qui la vie sera la plus dure, qui auraient le plus besoin d’une foi, d’une espérance, d’un idéal, sont privés de tout enseignement religieux.

Elevés sans Dieu, vivant sans Dieu, ils mourront sans Dieu.

Le prolétaire est au terme de sa course ; sur la tombe des Romains on inscrivait le cursus honorum, c’est le cursus dolorum qu’il faudrait inscrire, si les inscriptions ne coûtaient pas si cher, sur cette tombe qu’on va creuser dans la fosse commune pour ce paria et ce vaincu.