Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/74

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puis baissant un peu la voix, « je suis tranquille, ils sauront avancer, se faire jour (rire général). » A un geste de la main, à un clignement d’œil, tous ces rusés compères, hommes politiques, banquiers, marchands de lorgnettes, s’étaient compris ; ils savaient que, dès que leurs coreligionnaires auraient conquis une parcelle de droits, ils mettraient la Russie et les Russes sous leurs pieds comme eux-mêmes y avaient mis la France et les Français.

Crémieux, dans son testament, tint à laisser publiquement une preuve de sa sollicitude à l’Alliance israélite.

Je lègue, écrivait-il, une somme de 40.000 francs à l’Alliance israélite universelle. Comme l’Alliance n’est pas une société légalement autorisée, j’impose à mes enfants l’obligation de compter, dans les trois mois de mon décès, au président de l’Alliance israélite universelle cette somme de dix mille francs, dont l’emploi sera fait selon la décision que prendra le Comité central[1].

Les catholiques n’eurent garde de blâmer cette disposition. Quel droit plus sacré que celui de disposer d’une partie de son patrimoine en faveur d’une cause qu’on a servie toute sa vie, de se survivre en quelque sorte par sa fidélité à une idée qui vous a été chère, de s’associer par delà le tombeau à des labeurs et à des préoccupations qui ont été les vôtres ?

Supposez que je lègue dix mille francs à l’ordre des Bénédictins, chez lesquels j’ai passé un mois charmant dans ma jeunesse, dont les travaux littéraires et historiques se rapprochent des miens. Voyez-vous d’ici Lockroy

  1. Les libéralités de ce genre sont fréquentes. Dans son testament, M. L.-M Rothschild, le richissime joaillier, mort à Paris en 1884, stipule que si sa fille Sarah Halfon meurt sans enfants, un tiers de sa fortune reviendra à l’Alliance israélite universelle.