Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/79

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C’est un crayon que je veux tracer, et non un tableau que je prétends peindre.

Les Goncourt ont su résumer tout un monde de faits et d’idées dans un volume, admirable à la fois par la netteté de l’impression générale et la richesse des détails : l’Histoire de la Société française pendant le Directoire ; ils nous ont montré, dans des pages pittoresques et fines tour à tour, Paris tel qu’il était au lendemain de la Terreur, avec ses églises dévastées, ses quartiers entiers changés en solitudes, ses hôtels ouverts à tout vent, l’hôtel La Rochefoucauld devenu bazar, l’hôtel Biron transformé en bal public.

Je ne puis espérer arriver, dans un cadre plus restreint, à un semblable résultat. Le monde présent, d’ailleurs, est autrement complexe que celui que les spirituels écrivains nous ont décrit : les ruines morales, qui sont éparses autour de nous, tiennent plus de place que les ruines matérielles.

Il me suffira d’indiquer les points principaux, quitte à compléter plus tard. Ce qu’on entend par une société, c’est-à-dire un ensemble de lois, d’usages, de traditions, n’existe plus. Ce qui parait tenir debout n’est qu’un décor qui ne résiste pas à l’examen. On vit dans un perpétuel mensonge et il est difficile, pour l’observateur, de raisonner d’après des apparences de situations et des étalages de sentiments qui, la plupart du temps, sont absolument faux.

Au premier abord, néanmoins, rien ne semble changé ; les noms en évidence sont des noms de la vieille France et ce n’est pas un des phénomènes les moins étranges de