Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/95

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lier, disons-le en passant, ne justifie guère la bruyante admiration dont il est l’objet. L’architecte l’a signé comme Raphaël aurait signé un de ses tableaux : Emile Peyre fec. Véritablement il n’y a pas de quoi être si content de soi. On ne peut imaginer rien de plus incohérent et de plus disproportionné que cet escalier ; il est assez large à sa base pour qu’un régiment puisse y défiler, il est si étroit au sommet qu’on croirait qu’il ressemble au reste de la maison et que c’est un escalier dérobé.

C’est du haut de cet escalier que le baron dit un jour à son fils, en regardant monter les ducs, les princes et les marquis : « Vous voyez tous ces gens-là, dans vingt ans, ils seront tous nos gendres ou nos concierges. »

L’été, les visiteurs se pressent à Beauregard. Qui ne voudrait pénétrer dans la salle à manger ?

C’est, dit l’Evénement, qui se connaît en raffinements mondains presque autant que le Gaulois, une pièce absolument remarquable dont les portes et les boiseries de noyer sculpté sont des merveilles. Quatre grandes baies vitrées versent le jour et découvrent de toutes parts l’horizon qui se reflète dans l’immense glace formant le panneau du fond. En sorte que, pendant qu’on dîne, les jeux sont charmés par le spectacle féerique et toujours renaissant donné par la nature.

Le Dressing room « blotti entre la serre et la chambre à coucher de la baronne » n’est pas mal non plus.

D’un style Louis XV très pur, il a été très exactement copié sur celui qu’une Electrice de Bavière s’était aménagé au palais de Nymphenbourg. Les tentures sont azur et argent, et, afin d’harmoniser les plafonds, la baronne, ne trouvant pas en France d’ouvriers compétents, a dû en amener de Bavière pour argenter tous les reliefs des moulures.

De vieux fauteuils en soie blonde fondent leur coloris très doux dans ces tons pâles. Mais, la merveille, c’est la toilette toute re-