Page:Drumont - La France juive, tome second, 3eme édition, 1886.djvu/97

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la consigne et gardaient quelques pièces dans leur carnier. Le cas était prévu ; guidé par un chien spécial admirablement dressé à cet usage, le baron James visitait les chambres pendant qu’on prenait le café et confisquait impitoyablement tout gibier indûment conservé.

Dans ces conditions, la chasse n’est plus qu’un massacre, et Veuillot, le glorieux plébéien, avait bien raison lorsqu’il écrivait à sa sœur : « Je me prive soigneusement de la chasse ; l’enfant du peuple ne veut point de ce plaisir royal. Quant à faire semblant, comme chez les Rothschild, à assassiner des poules faisanes, amenées à l’abattoir par des valets galonnés, c’est bas. »

À ces parodies de la vie d’autrefois, il faut ajouter la chasse à courre avec un cerf en boîte. On entretient un malheureux cerf dans un parc, puis on le met dans une boîte, on le transporte dans un lieu déterminé, on le poursuit avec fureur ; au moment où il est près d’expirer, on s’arrête, non par humanité, mais par avarice, on ranime l’animal en lui faisant boire de l’eau-de-vie et on le réintègre dans sa boîte. N’est-ce pas tout un monde, cette chasse économique avec des habits rouges et des boutons de vénerie ?

En toutes ces charges qui rappellent l’ancienne vénerie, comme Croquefer rappelait les Chansons de gestes, figurent des noms de gentilshommes authentiques, qui font un singulier effet. Comme ils doivent s’étonner d’être là ! Avez-vous jamais vu, en allant au Bois dans l’après-midi, l’homme qui sert d’écuyer cavalcadour à la baronne de Rothschild ? C’est un vrai duc de la Trémoille. Lui-même, plus instruit que la plupart des membres de l’aristocratie, a classé, sans l’aide d’aucun paléographe, les papiers de sa famille et, sous ce titre, le Chartrier de la Trémoille, il a