Page:Drumont - Les Juifs contre la France.djvu/29

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doute pour personne, à ce moment, que grâce aux vingt-cinq milliards qui avaient été dépensés, grâce au service obligatoire pour tous, nous avions une armée incomparable.

C’était peut-être la vérité, c’était peut-être une illusion. Dans les choses de la guerre, d’ailleurs, la vérité et l’illusion sont à peu près équivalentes. Quand Murat se présentait aux portes de Vienne avec un escadron de hussards et sommait la ville de capituler, il était escorté par une force invisible qui suppléait à la force matérielle qui lui manquait ; il agissait en vertu d’une sorte de prestige magique. Quand la confiance n’y est plus, on est déjà à moitié vaincu.

Il est indiscutable que le bon état moral dans lequel nous étions il y a quelques années encore n’existe plus. Ce n’est pas impunément qu’on peut du matin au soir traiter les généraux et les officiers de misérables et de faussaires.

Si une guerre éclatait, il y aurait un sentiment de malaise qui remplacerait l’entrain que nous avions autrefois. Les uns soupçonneraient des Dreyfus et des Picquart partout ; les autres, sans même être imprégnés du venin dreyfusard, auraient une appréhension, après tout légitime, en se voyant conduits par des chefs que les attaques d’une bande de mercenaires et de Juifs ont suffi à démonter.