Page:Drumont - Les Juifs contre la France.djvu/84

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Avouez, Cornély, que si l’homme qui pense ainsi venait, sans y avoir aucun intérêt, écrire quatre ou cinq cents articles à propos d’un officier juif condamné par ses pairs après un procès qui a duré deux jours, il serait le dernier des idiots. Le spectacle de cet homme applaudissant aux plus effroyables tueries qu’ait vues l’histoire et pleurant toutes les larmes de son corps sur le sort du sympathique Dreyfus serait le plus lamentable exemple de dégénérescence intellectuelle que l’on puisse contempler.

Rien, je le répète, dans l’existence de Clemenceau, n’a pu jamais faire supposer qu’il eût l’âme sensible à la justice, ouverte à la compassion et même disposée à l’altruisme. S’il en avait été autrement, il aurait défendu Turpin, cet enfant du peuple, ce savant laïque qui s’était instruit tout seul en dehors de ces séminaires de faux pontifes que sont les grandes Écoles de l’État, Ce plébéïen, qui était devenu un grand inventeur par l’étude solitaire et le travail personnel, était, on l’avouera, autrement émouvant que Dreyfus.

Clemenceau, avec deux lignes dans la Justice, aurait sauvé Turpin. Il n’aurait même pas eu besoin d’écrire ces deux lignes. Freycinet était, à cette époque, terrorisé, fasciné, dominé par Clemenceau. Clemenceau n’aurait eu qu’à manifester l’intention de porter la question à