Page:Du Bellay - Œuvres complètes, édition Séché, tome 2.djvu/174

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Ha giaiid mastin (respondit le Berger)
Tes gros abbois me donnent asseurnnce.
Car Dieu, qui veut tes blasphèmes venger.
Est le bouclier de ma Terme espérance.
Desja sa main sur ton chef se ballance,
Pour ton grand corps accabler sous la foudre
Et me voici, que sa juste vengeance
Pousse vers toy, pour te ruer en poudre.
Ce Diable adonq’tonnant horriblement
Et tout baveux d’escumeuse fumiere,
Grinça les dents espouvantablement
Et en fronçant nez, et front, et paupière
Blasphème Dieu, le ciel et la lumière.
Ainsi entre eux de parole ils s’attachent :
Puis se hastant d’une allure plus fiere,
Ôi versement au combat contremarchent.
Le Philistin de fureur aveuglé,
Rouant sa masse, alloit d’ardent courage,
A gueule ouverte, et à pas déréglé,
Portant la peur, la tempeste, et l’orage :
Mais le Berger d’une alleure plus sage
Son cnuemy ores costoye, et ores
Subtilement luy met droit au visage
Le vent, la poudre, et le soleil encores.
Comme Ion voit au pied d’une grand tour.
Qu a la campaigne égaler on s’efforce,
Le pionnier minant tout à Tentour.
Faire une trace à la poudreuse amorce ;
Kon autrement, par une longue entorce
Ce caut Berger guignant à teste basse,
Contregardoit son impareille force
Contre l’horreur de la pesante masse.
Le grand guerrier à tour et à travers
Menoit les bras d’une force incroyable.
Et fendant l’air par un sifflant revers
Alloit finir ce combat pitoyable :
Quand du Seigneur la bonté secourable
Trompa le coup de la cruelle dextre.
Qui lourdement foudroyant sur le sable,
Raza les pieds du Berger plus adextre.
Finablemcnt courbé sur les genoux,