Page:Du Bellay - L'Olive et quelques autres oeuvres poeticques, 1549.djvu/44

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Ou Minos Juge inexorable

  Toutes Excuses deboutant,
  La Langue autresfois secourable
  De l'Orateur, n'est ecoutant.

Le Chemin est large, et facile

  Pour descendre en l'obscur sejour
  Pluton tient son Domicile
  La porte ouverte Nuyt, et Jour.

La gist l'Oeuvre, la gist la Peine

  Ses pas de l'Orque retirer
  A l'etroit Sentier, qui nous meine
  Ou tout mortel doit aspirer.

Le nombre est petit de ceux ores,

  Qui sont les bien aymez des Dieux
  Et ceux, que la Vertu encores
  Ardente a elevez aux Cieux.

Jupiter tient devant sa Porte

  Deux Tonneaux, dont il fait pluvoir
  Tout ce, qui aux Humains aporte
  De quoy ayse, ou tristesse avoir.

Qui a veu en ce vieil Poete,

  (Et le voyant, ne pleure lors)
  La trop tost ouverte Boete,
  Et les Vertuz volants dehors?

L'Esperance au bord arrestée

  Outre son gré demeure icy
  Puis que seule nous est prestée,

Gardon' qu'ell' s'en vole aussi.