Page:Du Bellay - L'Olive et quelques autres oeuvres poeticques, 1549.djvu/73

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Et ont les Dieux sa fortresse munie Contre fortune, et contre Calumnie. Le Ciel vangeur, Protecteur d'Innocence, Donne aux pervers souvent longue licence De nuyre aux bons: puis contre eux Irrité Commende au Tens, pere de verité, Decouurir tout, lors la Cause plus forte Devient soudain la plus foyble, de sorte Que la grandeur de la peine compense La tardité de la juste vengence. Espere Amy, espere, dure, attens Cete faveur et du Ciel, et du Tens. Et quand le Ciel n'auroit aucun soucy De tout cela, que nous faisons ici, Mais bien seroint toutes humaines choses Soubz le Pouvoir de la fortune encloses, Ne vault-il myeux (veu qu'elle fait son tour) Avoir espoir de son heureux retour, Qu'estre tousjours en peur de la ruyne? Cet Air couvert d'une obscure Bruyne S'eclersira, ces undes courroussees jusques au Ciel par l'Aquilon poussees S'apaiseront, et par l'Anchre jetee Au Port sera la Navire arrestee. O combien doulx sera le souvenir Des maulx passez! pour doncq' là parvenir, Endure Amy, ces peines doloreuses,

Et te reserve aux choses plus heureuses.