Page:Du Bellay - L'Olive et quelques autres oeuvres poeticques, 1549.djvu/72

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De maulx soudains, nouveaux, et incurables Va tormentant les Humains miserables. Le Cours des Ans, des Siecles, et Saisons, Les grands Citez, et superbes Maisons Mises par terre, et les Ruines grosses Des vieux Palaiz, Theatres, et Collosses, Montrent à l'oeil tout ce, qui est ca bas, Etre caduq', et subject à trepas. O malheureux, qui batist Esperance Sur fondement d'Incertaine assurance! De tous Etaz, de tout sexe, et tout Aage Solicitude est le propre Heritaige. Ell' suyt des Roys les Palaiz somptueux, Conventz secrez, Parquetz tumultueux, Le Laboureur la porte en sa charrue, Et du pasteur aux toictz elle se rue. L'Homme de Guerre aussi la porte en croupe, Et le Marchant avare dans la Poupe Rien que vertu, ne domte la Fortune. Comme le Roc, quand la Mer importune En ca, et la contre luy se courrousse, Rompt les gros flotz, et de soy les repousse. O bienheureux, qui de rien ne s'etonne, Et ne palist, quand le ciel iré tonne! O bienheureux, que les Torches ardentes, Et des troys Seurs les couleuvres pendentes N'excitent point! qui n'entrerompt le fruict De son Repos, pour quelque petit bruict.