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Page:Du Bellay - L'olive augmentee depuis la premiere edition, 1550.djvu/23

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pres expirée
 Le seul filet ! yeux, dont l’aveugle archer
 A bien sceu mil’, et mil’fleches lascher
 Sans qu’il en ait oncq’une en vain tirée.
Toute ma force est en vous retirée,
 Vers vous je vien’ma guerison chercher,
 Qui pouvez seulz la playe dessecher,
 Que j’ay par vous (ô beaux yeux !) endurée.
Vous estes seulz mon etoile amyable,
 Vous pouvez seulz tout l’ennuy terminer,
 Ennuy mortel de mon ame offensée.
Vostre clarté me soit doncq’pitoyable,
 Et d’un beau jour vous plaise illuminer
 L’obscure nuyt de ma triste pensée.

XIII

La belle main, dont la forte foiblesse
 D’un joug captif domte les plus puissans
 La main, qui rend les plus sains languissans,
 Debendant l’arc meurtrier, qui les cœurs blesse,
La belle main, qui gouverne, et radresse
 Les freinz dorez des oiseaux blanchissans,
 Quand sur les champs de pourpre rougissans
 Guydent en l’air le char de leur maistresse,
Si bien en moy a gravé le protraict
 De voz beautez au plus beau du ciel nées,
 Que ny la fleur, qui le sommeil attraict,
Ny toute l’eau d’oubly, qui en est ceinte,
 Effaceroient en mil’, et mil’années
 Vostre figure en un jour en moy peinte.

XIV

Le fort sommeil, que celeste