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de ma dame
 Amour avecq’sa torche acoustumée
 Dedans mon cœur a si bien allumée,
 Que je la sen au plus profond de l’ame !
Combien le ciel favorable je clame,
 Combien Amour, combien ma destinée,
 Qui en ce point ma vie ont terminée
 Par le torment d’une si doulce flamme !
Qu’en moy (Amour) ne durent tes doulx feux,
 Je ne le puys et pouvoir ne le veulx
 Bien que la chair soit caducque, et mortelle.
Car ceste ardeur, dont mon ame est ravie,
 Prendra aussi immortalité d’elle
 Vivant par mort d’une eternelle vie.

XXIII

Si des beaux yeux, où la beaulté se mire,
 Voire le ciel, et la nature, et l’art,
 Depent le frein, qui en plus d’une part
 A son plaisir et m’arreste, et me vire,
Pourquoy sont-ilz armez d’orgueil, et d’ire ?
 Pourquoy s’esteint ce doulx feu, qui en part ?
 Pourquoy la main, qui le cœur me depart,
 Cache ces retz, liens de mon martire ?
O belle main ! ô beaux cheveux dorez !
 O clers flambeaux dignes d’estre adorez !
 Par qui je crain’, j’espere, je lamente.
Mon fier destin, et vostre force extreme,
 En vous aimant, me commandent, que j’aime
 L’heureux object du bien, qui me tormente.

XXIV

Piteuse voix, qui