XX
Puis que les cieux m’avoient predestiné
A vous aymer, digne object de celuy,
Par qui Achille est encor’aujourdhuy
Contre les Grecz pour s’amye obstiné,
Pourquoy aussi n’avoient-ilz ordonné
Renaitre en moy l’ame, et l’esprit de luy ?
Par maintz beaux vers tesmoings de mon ennuy
Je leur rendroy’, ce qu’ilz vous ont donné.
Helas Nature, au moins puis que les cieux
M’ont denié leurs liberalitez,
Tu me devois cent langues, et cent yeux,
Pour admirer, et louer cete la,
Dont le renom (pour cent graces, qu’elle a)
Merite bien cent immortalitez.
XXI
Les bois fueilleuz, et les herbeuses rives
N’admirent tant parmy sa troupe saincte
Dyane, alors que le chault l’a contrainte
De pardonner aux bestes fugitives,
Que tes beautez, dont les autres tu prives
De leurs honneurs, non sans envie mainte
Veu que tu rends toute lumiere etainte
Par la clarté de deux etoiles vives.
Les demydieux, et les nymphes des bois
Par l’epesseur des forestz chevelues
Te regardant, s’etonnent maintesfois,
Et pour à Loire eternité donner
Contre leurs bords ses filles impolues
Font ton hault bruit sans cesse resonner.
XXII
O doulce ardeur, que des yeulx