Plus tost il naist, moins longuement il dure.
Le gay printemps s’enrichist de verdure,
Mais peu fleurist l’honneur de sa couronne.
L’ire du ciel facilement etonne
Les fruicts d’esté, qui craignent la froidure
Contre l’hiver ont l’ecorce plus dure
Les fruicts tardifs, ornement de l’automne.
De ton printemps les fleurettes seichées
Seront un jour de leur tige arrachées,
Non la vertu, l’esprit, et la raison.
A ces doulx fruicts en toy meurs devant l’aage
Ne faict l’esté, ny l’autonne dommage,
Ny la rigueur de la froide saison.
XXXIII
O prison doulce, où captif je demeure
Non par dedaing, force, ou inimitié,
Mais par les yeulx de ma doulce moitié
Qui m’y tiendra jusq’à tant que je meure.
O l’an heureux, le mois, le jour, et l’heure,
Que mon cœur fut avecq’elle allié !
O l’heureux nœu, par qui j’y fu’lié,
Bien que souvent je plain’, souspire, et pleure !
Tous prisonniers, vous etes en soucy,
Craignant la loy, et le juge severe
Moy plus heureux, je ne suis pas ainsi.
Mile doulx motz, doulcement exprimez,
Mil’doulx baisers, doulcement imprimez,
Sont les tormens où ma foy persevere.
XXXIV
Apres avoir d’un