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bras victorieux
 Domté l’effort des superbes courages,
 Aucuns jadis bastirent haulx ouvrages,
 Pour se venger du temps injurieux.
Autres craignans leurs actes glorieux
 Assujetir à flammes, et orages,
 Firent ecriz, qui malgré telz outrages
 Ont faict leurs noms voler jusques aux cieulx.
Maintz au jourdhuy en signe de victoire
 Pendent au temple armes bien etophées,
 Mais je ne veulx acquerir telle gloire.
Avoir esté par vous vaincu, et pris,
 C’est mon laurier, mon triomphe, et mon prix,
 Qui ma depouille egale à leurs trophées.

XXXV

Me soit amour ou rude, ou favorable,
 Ou hault, ou bas me pousse la fortune,
 Tout ce, qu’au cœur je sen’pour l’amour d’une,
 Jusq’à la mort, et plus, sera durable.
Je suis le roc de foy non variable,
 Que vent, que mer, que le ciel importune,
 Et toutesfois adverse, ou oportune
 Soit la saison, il demeure imployable.
Plus tost voudra le diamant apprendre
 A s’amolir de son bon gré, ou prendre
 Soubz un burin de plom, diverse forme,
Que par nouveau ou bonheur, ou malheur
 Mon cœur, où est de vostre grand’valeur
 Le vray protraict, en autre se transforme.

XXXVI

L’unic oiseau (miracle emerveillable)