Page:Du Bellay - L'olive augmentee depuis la premiere edition, 1550.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Par feu se tue, ennuyé de sa vie,
 Puis quand son ame est par flammes ravie,
 Des cendres naist un autre à luy semblable.
Et moy qui suis l’unique miserable,
 Faché de vivre une flamme ay suyvie,
 Dont conviendra bien tost, que je devie,
 Si par pitié ne m’etes secourable.
O grand’doulceur ! ô bonté souveraine !
 Si tu ne veulx dure, et inhumaine estre
 Soubz ceste face angelique, et seraine,
Puis qu’ay pour toy du Phenix le semblant,
 Fay qu’en tous poinctz je luy soy’resemblant,
 Tu me feras de moymesme renaistre.

XXXVII

Celle, qui tient par sa fiere beauté
 Les Dieux en feu, en glace’aise, et martire,
 L’œil impiteux soudain de moy retire,
 Quand je me plain’à sa grand’cruauté.
Si je la suy’ell’fuit d’autre couté
 Si je me deulx, mes larmes la font rire,
 Et si je veulx ou parler, ou ecrire,
 D’elle jamais ne puis estre ecouté.
Mais (ô moy sot !) de quoy me doy-je plaindre,
 Fors du desir, qui par trop hault ataindre,
 Me porte au lieu, où il brusle ses aesles ?
Puis moy tumbé, Amour, qui ne permet
 Finir mon dueil, soudain les luy remet,
 Renouvelant mes cheutes eternelles.

XXXVIII

Sacrée, saincte, et celeste