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ille de la mer,
Du cercle tiers lumiere souverene,
Qui ciel, et terre, et champs semez d’arene
Peuz jusq’au fond des ondes enflammer.
Toy, qui le doulx mesles avec l’amer,
Quand ce beau riz, qui le ciel rasserene,
De tous les Dieux le plus cruel refrene,
Et le contrainct ton aide reclamer,
Dont luy tout plein de ce tant doulx venin
Entre tes bras paist son œil jà benin
En ta divine, et celeste beauté :
Te plaise (helas) Déesse, à ma priere,
Flechir un peu ceste mienne guerriere,
Qui a trop plus, que Mars, de cruauté.
  
LIII
Voyant au ciel tant de flambeaux ardens,
Je dy souvent, ô beauté non pareille !
Si le dehors est si plain de merveille,
Combien parfaict doit estre le dedens ?
Si tes beaux yeulx traictz, et flammes dardans
Luysent sur moy, mon ame se reveille
Au paradis, que ta bouche vermeille
Ouvre aux espritz, qui te sont regardans.
Mais quand je sen’ soubz ta doulce beauté
L’horrible enfer de ta grand’ cruauté,
Ce qui est beau me semble estre cruel.
Mesme le ciel, qui tant me souloit rire,
Me faict douter si plaisant je doy’ dire
Son beau sejour, qui est perpetuel.