Aller au contenu

Page:Du Bellay - L'olive augmentee depuis la premiere edition, 1550.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nouriture,
De faulx rapport et de legere foy,
Pourquoy fais-tu, soudain que je te voy,
Geler mon feu d’une triste froidure ?
Si tu es donq’ à mes plaisirs si dure,
Pourquoy viens-tu loger avecques moy ?
Va te noyer en ce fleuve d’emoy,
Fleuve infernal, où le froid tousjours dure.
Au fond d’enfer va pleurer tes ennuiz,
Parmy l’obscur des eternelles nuitz :
Pourquoy te plaist d’Amour le beau sejour ?
Si la clerté les ombres épouante,
Ose-tu bien ô charongne puante !
Empoisonner le serain de mon jour !

CI

O que l’enfer etroitement enserre
Cet ennemy du doulx repos humain,
De qui premier la sacrilege main
Arracha l’or du ventre de la Terre !
Cetuy vraiment mena premier la guerre
Contre le ciel, ce fier, cet inhumain
Tua son pere, et son frere germain,
Et fut puni justement du tonnerre.
O peste ! ô monstre ! ô Dieu des malefices !
Par toy premier la cohorte des vices
Sortit du creux de la nuit plus profonde.
Par toy encor’ s’en revola d’icy
L’antique foy, et la justice aussi
Avec’ l’Amour, l’autre Soleil du monde.

CII