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Page:Du Bellay - L'olive augmentee depuis la premiere edition, 1550.djvu/68

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Des chiens veillants le long cry doloreux,
Le soing du guet, et la ferrée porte
La tour d’airein pouvoient rendre assez forte
Contre l’assault du nocturne amoureux.
Trop en etoit le sort avantureux
Mesm’ à celuy qui la vengence porte,
S’il ne se fust de sa divine sorte
Changé en or, ce metal malheureux.
C’est ce fier là, qui egale aux campaignes
Les durs sommez des plus haultes montaignes,
Plus foudroyant, que n’est le traict des cieulx.
Le fer, le feu, les grand’s citez fermées,
Les haultz ramparts, et les bandes armées
Donnent passage à l’or audacieux.

CIII

Mais quel hiver seiche la verde souche
Des sainctz rameaux, ombrage de ma vie ?
Quel marbre encor’, marbre pasle d’envie,
Blesmist le teint de la vermeille bouche ?
Mais quele main, quele pillarde moûche
Ravist ses fleurs ? c’est toy, fievre hardie,
Qui fais languir par une maladie
Moy en mon ame, et Madame en sa couche.
O toy, que mere et maratre on appelle !
As-tu donc faict une chose si belle
Pour la deffaire ? ô Dieu qui n’as point d’yeulx !
Si contre moy la Nature conspire,
Voire le ciel, la fortune, et les Dieux,
Deffen au moins l’honneur de ton empire.

CIV

O Citherée ! ô gloire paphienne !