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Mere d’Amour, vien’ piteuse à la belle,
Qui le secours de tes Graces appelle,
Saincte, pudique, et chaste Cyprienne.
Soutien aussi, vierge Tritonienne,
De ton vieulx tige une branche nouvelle :
Toy, qui sortis de la saincte cervelle,
Sage Pallas, Minerve Athenienne.
Oyez encor’ vous les deux yeulx du monde,
L’honneur jumeau de l’isle vagabonde,
Le juste dueil de ce cœur gemissant.
Ainsi la nuit tes baisers favorise,
Chaste Diane : ainsi Parnaze prise,
Docte Phebus, ton laurier verdissant.

CV

Esprit divin, que la troupe honnorée,
Du double mont admire, en t’écoutant,
Cigne nouveau, qui voles en chantant
Du chault rivage au froid hiperborée :
Si de ton bruit ma Lire enamourée
Ta gloire encor’ ne va point racontant,
J’aime, j’admire, et adore pourtant
Le hault voler de ta plume dorée.
L’Arne superbe adore sur sa rive
Du sainct Laurier la branche tousjours vive,
Et ta Delie enfle ta Saone lente.
Mon Loire aussi, demydieu par mes vers,
Bruslé d’amour etent les braz ouvers
Au tige heureux, qu’à ses rives je plante.

CVI

O noble esprit,