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Que les Traductions ne ſont ſuffiſantes pour donner perfection à la Langue Francoyſe.
Chap. V.



TOutesfois ce tant louable labeur de traduyre ne me ſẽble moyen vnique, & ſuffiſant pour eleuer noſtre vulgaire à l’egal, & Parãgon des autres plus fameuſes Langues. Ce que ie pretens prouuer ſi clerement, que nul n’y vouldra (ce croy ie) contredire, ſ’il n’eſt manifeſte calumniateur de la verité. Et premier, c’eſt vne choſe accordée entre tous les meilleurs Aucteurs de Rethorique, qu’il y a cinq parties de bien dire, l’Inuẽtion, l’Eloquution, la Diſpoſitiõ, la Memoire, & la Pronũtiation. Or pour autant que ces deux dernieres ne ſe aprennent tant par le benefice des Langues, cõme elles ſont données à chacun ſelon la felicité de ſa Nature, augmentées, & entretenues par ſtudieux exercice, & continuelle diligence, pour autant auſsi que la Diſpoſition giſt plus en la diſcretion, & bon iugement de l’Orateur qu’en certaines reigles, & preceptes : veu que les euenements du Tens, la circunſtance des Lieux, la condition des perſonnes,