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LES AMAZONES,

N’eût point par d’autres feux profané ce ſéjour,
Si mes regards trompés ignoroient ma rivale !
Mais je connois mes maux dès leur ſource fatale.
Pour mon repos ſecret, non pour l’amour des loix,
De mon peuple irrité que n’ai-je cru la voix ?
Que ne t’ai-je banni de ce Palais paiſible ?
J’y crains plus tes regards que ton bras invincible.

THÉSÉE.

Hélas…

ORITHIE.

Hélas… Ah ! ce ſoupir réveille mon eſpoir.
De t’attendrir mes pleurs auroient-ils le pouvoir ?
S’il étoit vrai, grands Dieux ! j’oublirois mes alarmes,
Mes ſoupçons mes remords, un Thrône plein de charmes,
Et ſuivant les projets que m’inſpire l’amour,
Pour toujours avec toi je fuirois ce ſéjour.
Si mes ſoins, mes appas n’ont pû gagner ton ame,
Par des faits inoüis éterniſons ma flamme.
Tandis qu’on ſe prépare à terminer ton ſort,
Par des détours cachés t’arrachant à la mort.
Avec toi j’oſerai ſortir de mon Empire ;
Il eſt vil à mes yeux ; pour toi ſeul je reſpire.