Page:Du Bouvot De Chauvirey - La terre de Chauvirey, 1865.djvu/114

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il serait difficile, de compter tous les jugements et arrêts rendus pendant un si long laps de temps.

Mais les époux Roussel ne s'en tinrent pas là ; cette première curée n'avait fait que les mettre dans la voie : ils firent donc mieux encore. « Quand on prend du galon on n'en saurait trop prendre, » dit-on ; donnant de l'extension à ce proverbe, ils trouvèrent adroitement moyen de l'appliquer d'un même coup aux biens de parents plus éloignés en même temps qu'à la Nation, ce qui pourtant n'était pas facile à l'égard de celle-ci ; mais elle eut cette fois affaire à plus fort qu'elle. Le sieur Roussel s'étant fait remettre, par le dépositaire auquel ils avaient été confiés, tous les titres et papiers de famille du marquis Eugène d'Ambly et du comte Irénée de Montlezun, tous deux émigrés, l'un neveu et l'autre cousin de sa femme, fit attribuer à celle-ci une partie notable de leurs biens que la Nation allait mettre en vente. Quand ces deux messieurs rentrèrent en France ils essayèrent bien de faire rendre gorge aux époux Roussel, mais ils ne purent y parvenir ; car, bien qu'un arrêté du préfet de la Haute-Saône eût d'abord accueilli leur demande, arrêté dont les considérants étaient flétrissants pour les Roussel déclarés convaincus d'avoir cèlé dolosivement des pièces, il n'en fut pas moins décidé, en dernier ressort, par un décret du Conseil d'État qu'il y avait eu chose jugée contre laquelle il était impossible de revenir. Ce vol, consommé au moyen de faux, rapporta à ses auteurs 131 hectares de bois et 15,000 fr. en argent[1].

  1. On peut voir tout le détail de cette opération dans le mémoire sur procès par MM. Oudet et Renaud pour le marquis d'Ambly et consorts à l'occasion de la succession de J.-E.-L. Roussel.- Besançon 1862 pp. 23 et suivantes.