Page:Du Bouvot De Chauvirey - La terre de Chauvirey, 1865.djvu/41

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entrèrent de rechef, sous Pierre de Craon, Gouuerneur de Champagne, et prindrent de rechef Jonvelle, Jussé, Cheuigné, Lambré, Bougé, Conflans, Buffegnecourt, Richecourt, Saint-Remy, Charié ; tuans, pillans, bruslans tout ce qu'ils y rencontrèrent ; l'abbaie, l'abbé, et les religieux de Cherlieu passèrent par leurs mains, cogneurent et expérimentèrent leur auarice et cruauté. »

Bien que l'on n'ait point à cet égard de documents certains, il est à présumer que Chauvirey put résister aux forces que commandait Pierre de Craon, puisque le nom de ce château ne se trouve point parmi ceux des places qui tombèrent en son pouvoir. Il n'en est pas moins étonnant qu'il ne soit fait à cette occasion aucune mention de Chauvirey, si voisin de Cherlieu, et place importante soit par ses fortifications, soit par sa position à la frontière de la Champagne.

Chauvirey put encore, environ un siècle plus tard (1569), résister avec succès, ainsi que la plupart des châteaux forts du voisinage, à l'invasion de Wolfgang, duc de Bavière et de Deux-Ponts, qui, à la tête des Luthériens d'Allemagne appelés par les Huguenots de France, pilla, ravagea ou brûla tout ce qu'il y avait dans le pays de places ouvertes et de villages sans défenses. L'avant-garde de cette armée se trouvait sous les ordres de Guillaume d'Orange[1], dont la mort a sauvé de l'oubli le nom de Balthazar Gérard, né à Vuillafans.

  1. MM. les abbés Coudriet et Chatelet, dans l'Histoire de Jonvelle qu'ils viennent de faire paraître récemment, disent (note (3) de la page 173) que ce prince, dont Philippe II avait mis la tête à prix, fut tué par Balthazar Gérard. Ce mot tué ne nous paraît pas laisser au fait sa véritable physionomie ; dans de semblables circonstances, nous autres laïques nous dirions assassiné, lors même qu'il s'agirait d'un hérétique. Ces messieurs paraissent avoir une certaine propension à traiter assez durement les souverains et autres personnages pour lesquels ils manquent de sympathie, comme par exemple Henri IV (pp. 482 et 193) ; le dernier duc de Bourgogne, qu'ils appellent le Téméraire-Bataillard ; Georges de la Trémouille, qu'ils désignent ainsi : le lâche Craon, etc. etc.