judicieusement que si leur château devait être pillé, il était encore plus légitime et surtout plus profitable qu'il le fût par eux que par M. le maire : ils utilisèrent donc, pour mettre à exécution leur honnête délibération, le premier intervalle entre deux passages de troupes[1]. Un nommé Debias, manouvrier habituellement employé par M. Du Bouvot, força, au moyen d'un levier, un des barreaux de la fenêtre du rez-de-chaussée, la première du côté du levant, et en brisa en même temps le seuil, que l'on a toujours conservé dans cet état à titre de souvenir ; puis s'introduisant par cet étroit passage, il ouvrit les portes aux autres. Tout ce qui restait au château fut lestement enlevé : denrées, meubles, boiseries, portes, fenêtres ; cette fois encore ou ne laissa partout que les murs.
Les deux châteaux de Chauvirey-le-Châtel furent assez heureux pour échapper à ce second désastre. Mme de Montessus, qui habitait le sien, obtint dès les premiers jours du général autrichien prince de Schwartzemberg, commandant supérieur de la province, en résidence à Vesoul, une sauvegarde qui la mit à l'abri de toutes vexations. Elle n'eut d'autre embarras que celui de loger et nourrir l'état-major des divers corps qui passèrent dans le voisinage de Chauvirey. Elle put même profiter de cette position pour protéger le Château-Dessus et
- ↑ Averti par la conduite du capitaine autrichien dont il est question dans la note précédente, on craignait de voir l'ennemi protéger le concitoyen.