Page:Du Bouvot De Chauvirey - La terre de Chauvirey, 1865.djvu/85

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à un seigneur de cette maison pour avoir vaincu un chevalier anglais qui avait faussement accusé trois princesses de sang royal ; mais les gens sérieux ont toujours repoussé cette fable, qu'aucun auteur ne justifie. Une autre opinion, qui présente au moins quelque vraisemblance, veut que ces armoiries aient représenté dans le principe des bustes de rois et non de reines, et voici à quelle occasion la branche de Grammont les aurait prises. Lorsque les têtes des trois rois mages qui se trouvent dans la cathédrale de Cologne y furent transportées, on les aurait momentanément déposées dans 1’église de l'abbaye de Lieu-Croissant, dont la maison de Granges était bienfaitrice, et qui se trouvait au milieu de ses terres ; c'est depuis lors que cette abbaye avait pris le nom d'abbaye des Trois-Rois. Le seigneur de Grammont, qui avait veillé à la garde de ces reliques pendant leur séjour à Lieu-Croissant, les aurait prises pour armoiries ; cette version expliquerait aussi la devise : DIEU AIDE AU GARDIEN DES ROIS.

Ce qui est incontestable c'est que la maison de Grammont est la plus ancienne et la plus considérable de celles du comté de Bourgogne encore existantes ; elle a eu toutes sortes d'illustrations ; elle a donné trois archevêques[1] à Besançon, un nombre infini de colonels de maréchaux-de-camp, de lieutenants-généraux, d'ambassadeurs au comté de Bourgogne et à la France,

  1. Ces prélats furent tous trois remarquables par leur piété leur science et leur régularité, comme par la manière dont ils administrèrent le diocèse. C’est le premier des trois, Antoine-Pierre Ier qui fit construire à ses frais et dota richement le séminaire de Besançon ; le dernier, Antoine-Pierre II, avait été d'abord colonel de cavalerie.