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Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/109

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pas sur la catastrophe ; j’en dis assez pour la prévenir, si on le veut, comme on le doit, au Canada, à l’Angleterre et à l’Europe entière, qui ne se doute pas d’une malheureuse colonie conquise ait été convertie par les conquérants en coupe-gorge général ou les citoyens ont à trembler pour leurs vies jusque chez eux.

Cinq semaines après tous ces attentats, huit à neuf soldats, armés de leurs baïonnettes, vinrent à deux heures du matin, non plus faire main basse sur les ornements extérieurs qui décorent le frontispice de ma maison, mais sur la maison elle-même : ils paraissaient pour cette fois résolus à s’y ouvrir de force un passage, ou par l’entrée ordinaire ou par les fenêtres ; heureusement, les portes et les contrevents étaient en fer ; ils ne purent les forcer sans vacarme et sans fracas : mes gens éveillés sonnèrent l’alarme et ces braves militaires lâchant pied, cherchèrent leur impunité dans la fuite. À l’époque de cette dernière attaque, j’étais allé faire un tour dans ma seigneurie de la rivière David ; c’était là partout le même spectacle de dévastation et de désolation qui dégradait les avenues de ma maison de Montréal : trois de mes plus beaux chevaux avaient été massacrés à coup de couteaux dans mes écuries ; les bêtes à cornes et autres animaux domestiques avaient été blessés et mutilés par les mêmes armes : l’image