générale tout appel, trop coûteux, à la juridiction d’Angleterre. Encourir donc la disgrâce et la persécution de cette épouvantable trinité, c’est ne pas être un seul moment assuré, je ne dis pas seulement de la plus ample fortune, mais de son existence même. On sent assez que la personne du majestueux juge Fraser, encore resplendissante de l’éclat toujours vivant de ses premiers lauriers, est le chef de ces formidables trinitaires : ses deux associés honorables (titre d’étiquette) sont M. de Rouville et M. Mabane. Je dois au Canada souffrant, et à toute l’Angleterre mal instruite l’esquisse de ces deux hommes, singuliers dans leurs espèces.
M. de Rouville est un gentilhomme canadien, mincement initié dans les mystères de la jurisprudence française et, à ce titre, personnage peu compétent pour la judicature ; mais d’un génie si impérieux, d’un caractère si superbe, d’une humeur si identifiée avec le despotisme, qu’elle se trahit partout, non seulement sur les tribunaux de justice, où elle peut dogmatiser et trancher de la souveraine, sans contrôle, mais dans le commerce même de la vie civile, et jusque dans le sein de sa famille. Au reste, homme tout paîtri et boursouflé des prétentions de l’amour propre, préoccupé de ses prétendues lumières, entier dans ses jugements, intolérant de la plus juste et de la plus humble opposition, grand formaliste,