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Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/154

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exhortations, mon courage, qui, abattu sous le poids de la calamité, était presque expi-

    « jalousie, pour ravir & ruiner la santé & la fortune de ceux qu’on hait d’une invincible inimitié.
    « L’on n’ignore pas que l’on a fait tout ce que l’on a pu, par or, argent, & menaces, pour tâcher d’avoir de mauvais témoignages contre les prisonniers ; particulièrement contre vous : ce qui est un exemple des plus frappans aux yeux de tous les individus de cette province. Aussi ne vous déconfortez pas ; prenez courage & beaucoup de patience : c’est à quoi je vous exhorte ; car ils ne demandent pas mieux que votre perte. Il faut espérer que quelque bonne ame de Londres fera reluire le flambeau, qui réfléchira ses rayons de clarté sur les personnes en place, pour restaurer les principes de justice & d’humanité, qui restent dans le néant ici. Dieu veuille ramener les momens précieux de ces heureux jours de félicité pour nous tous, pauvres habitans de cette province, abandonnés à la fureur de l’irréligion, & de toute la corruption humaine.
    « A Monsieur du Calvet.»

    Je reçus cette lettre anonyme, & sans date, dans des momens de redoublement de chagrin & de douleur, qui donnoient de furieuses secousses à toute ma résolution & à ma fermeté ; il ne falloit rien moins qu’un si puissant comfortatif, pour les relever. J’en dépéchai sur le champ la copie, par quatre duplicata, à tous les Ministres & Secrétaires d’Etat ; que les Ministres présens, dupes d’obliques & frauduleux rapports, y apperçoivent une vraie esquisse de la situation de la Province, déssinée par les mains même des interessés au premier Chef, en qualité de souffrans. Au reste, cette lettre ne part point d’une seule main ; elle est l’ouvrage réfléchi d’une petite société de quelques-uns de nos plus vertueux Citoyens : ils avoient alors, & ont encore, la langue liée par le despotisme, qui auroit érigé en crime de haute-trahison, tout témoignage public de la vérité, contre ses fureurs : ils ne pouvoient parler ouvertement, que sans fruit pour la Patrie, & pour leur propre destruction ; mais, que le Tyran expulsé rende leur véracité & leur patriotisme à leur liberté, ils s’expliqueront hautement, & le Ministère verra alors, s’il est de la sagesse & de