Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/201

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

M. François Le Maître Duème jouissait de très-beaux moulins à farine et à planche, érigés par le premier propriétaire, avant la conquête, pour l’amélioration de sa terre. La sagesse du gouvernement français se faisait une loi de politique, non-seulement de seconder ces fortes entreprises, par ces consentements, mais encore d’inviter, par ses dons, à ces ouvrages d’un service infini, pour faire fleurir une colonie fertile en grains, et abondante de toute part en bois de charpente et de construction. Il recueillait, en paix, au centuple, les fruits de son industrie, et le produit des avances, lorsqu’un nouveau-venu, un Suisse, M. Conrad Guguy, s’avisa de réclamer la jouissance des eaux, achetées d’avance à grand prix par M. Le Maître Duème : cette réclamation était une insulte à toute la colonie témoin oculaire du contrat primitif, une violation de la bonne foi publique, sous les auspices et l’ombre de qui la transaction avait été conclue, et enfin un démenti formel à la France, qui, dans les jours de sa domination, y avait apposé le dernier sceau de la validité, par son autorité ; aussi le trop avide demandeur fut-il débouté de ses demandes, et condamné aux frais par les deux tribunaux de judicature de la province, qui pour le coup ne s’étaient pas abouchés et concertés avec le gouverneur, pour prendre langue sur les oracles qui devaient être dictés et prononcés.