Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/303

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« vince les avantages les plus précieux de la liberté et de la loi ; et à ce titre cet acte législatif est proclamé comme une charte précieuse qui doit être transmise dans toute sa pureté et sa splendeur à la postérité la plus reculée.»

Le bill de Québec, par défaut d’explication, ou peut-être d’exécution, a introduit dans la province une mascarade de Jurisprudence française telle qu’il n’en existât jamais, ni en France, ni dans aucun autre pays de l’univers ; ce bill y a intrus un despotisme, qui, après avoir englouti tous les pouvoirs subalternes, a emprisonné des citoyens par centaines, les a fait périr par vingtaines, sous les fers, dans les agonies de la nudité et de l’inanition, sans avoir mérité une destinée si cruelle par aucun délit prouvé judiciellement, ou même allégué. Il faut être bien parâtre pour vouloir léguer un tel héritage civil à toute une race future de descendants. Que ces Messieurs, adorateurs d’un tel bill, partent incessamment pour Tunis et pour Maroc ; ils trouveront là un gouvernement de leur goût et tout formé sur le modèle de celui qu’ils se félicitent de pouvoir transmettre à leur postérité. Mais les Canadiens, animés de l’esprit libre de leurs conquérants, réclament dans toute sa latitude cette liberté dont leurs conquérants eux-mêmes jouissent dans le centre de leur patrie. Voilà l’objet favori de leur ambition, fondé sur le droit que leur en ont donné leurs propres maîtres en les adoptant.