Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/327

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individu malheureux tel que moi, (car toujours juste, même à mon désavantage, je ne m’arroge point de privilège spécial) quoiqu’il ne s’exprimer que d’après les sensations toujours véridiques des oppressions les plus avérées et plus plus publiques, ce n’est point, dis-je, à deux particuliers, soupçonnables de passions personnelles, et qui d’ailleurs disparaissent, dans leurs petites individualités, dans la masse de tout un peuple, à décider, ou à faire décider par un gouvernement, du mérite, ou du démérite de l’administration d’un domaine éloigné : c’est à la province elle-même qui a goûté à longs traits l’amertume ou les douceurs de cette régie publique à prononcer savamment sur le fait. Voilà, pour un gouvernement, la source pure et inaltérable d’irrécusables informations : eh bien ! milord, que l’autorité souveraine de l’État ordonne donc d’une enquête générale et juridique dans la province de Québec ; mais qu’elle soit conduite par l’impartialité et la droiture, sous les auspices d’un juge en chef, ou de quelque autre éminent personnage, digne par ses vertus de le représenter : des circonstances critiques d’État réclament une mesure si solennelle et si authentique. Cent vingt mille sujets gémissent sous le glaive affilé et tranchant de la tyrannie ; ce sont du moins leurs soupirs et leurs sanglots qu’on prétend exprimer au milieu de cette capitale : il est de l’honneur du trône et de la nation de faire cesser ces plaintes, ou par la vérification juridique de leur supposition et de leur nullité, ou par la punition