Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/46

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Monseigneur,

L’histoire des sujets tyrannisés est un livre éloquent qui, par la voie du sentiment, enseigne le grand art de régner : le Souverain y lit de ses yeux les excès de la tyrannie, il y entend de ses propres oreilles les gémissements de l’infortune : à ce spectacle touchant son cœur s’ouvre d’abord à la commisération et à la sensibilité ; la justice s’arme bientôt de ses foudres, contre les tyrans ; la clémence et son humanité, déployant leurs bienfaits, ne tardent pas à essuyer, de leurs mains, les larmes des opprimés : le voilà bon père et le juste juge de ses peuples, c’est-à-dire un grand roi.

C’est cette science sentimentale de la royauté qui autorise la présentation de cet appel et du mémoire antérieur qui en fait naître l’occasion. Votre Altesse Royale est destinée à occuper, un jour, un des premiers trônes de l’univers : Elle a apporté, en naissant, une âme digne de sa haute destinée et un cœur fait pour le peuple libre, qu’Elle doit un jour commander, c’est-à-dire ami des lois de son pays, jaloux de la popularité, aimant de prédilection naturelle ses futurs sujets et plus flatté du pouvoir de faire un jour leur bonheur que de l’honneur de les gouverner ; grand zélateur de la constitution