Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/77

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dégradation entière de toute l’Angleterre, pourvu que, couvert du bouclier de l’impunité, & triomphant au milieu de ſes malverſations, il pût charrier, en toute sûreté dans ſa patrie, le pompeux attirail de ſa fortune ? Je ne l’ignore pas ; voilà le théâtre où il projetteroit d’aller ouvrir en paix les dernières ſcènes de ſon triomphe ; mais ici il s’égare encore dans les préſomptions chimériques de ſa lâcheté : j’irois, Milord, (qu’il n’en doute pas) j’irois hardiment le pourſuivre juſques dans ce dernier aſyle. Depuis l’antique révolution, il n’eſt en Suiſſe que très-peu de nobleſſe primitive parmi laquelle le nom inconnu d’Haldimand aſſurément ne figura jamais ; ce n’eſt donc point au nom de celle que j’ai héritée de mes ancêtres, que je pourrois aller lui demander hautement, & tirer de lui efficacement raiſon ; ce n’eſt point un eſprit d’orgueil, qui cite ici cet avantage que je puis avoir reçu de la naiſſance au deſſus du général Haldimand ; je ne me targue point d’un titre futile que l’aveugle haſard diſpenſe, qui ne donne, ni ne ſuppoſe le mérite : non, les vertus de mes ancêtres ne ſont pas à moi ; mais d’après l’étiquette du monde poli, au moins, la diſtinction qui les relevoit au deſſus du vulgaire, méritoit-elle qu’on n’allât pas à enſevelir en goujat, & ſans corps de délit allégué, un de leurs deſcendanſ, pendant 948 jours, ou dans la ſentine d’un vaiſſeau, ou dans le centre de l’infection monachale.