Angleterre ne fasse pas un jour la triste expérience de la solidité des réflexions que trace ici ma douleur à la justice et à l’humanité de votre seigneurie. Au reste, ma lettre aux Canadiens, qui s’imprime dans ce moment, attestera les malheurs de leur patrie, et que je ne réclame pas en vain la justice de l’État et pour eux et pour moi.
Mais peut-être, milord, que ma sensibilité se livre ici trop tôt à ces alarmes : eh bien ! rien de plus aisé que de la rassurer. Le général Haldimand vient-il certainement à Londres ? S’il n’y est pas attendu si-tôt, votre seigneurie ne peut-elle pas obtenir de S. M. l’ordre de le faire jugé en personne à Québec, comme le fut le général Murray sous le ministère de milord Egrémont, votre prédécesseur ? C’est la réponse claire et nette à ces deux questions que j’ose demander ici par écrit à votre seigneurie, pour la pacification de tous les infortunés de la province de Québec : ce n’est pas ici un secret d’État dont je réclame la manifestation ; c’est un témoignage en faveur de la vérité et de l’innocence opprimée. Un ministre juste, humain et vrai, tel que milord Sidney, ne peut ni se formaliser de la demande ni s’y refuser sans cesser d’être lui-même. Toutes les lettres que j’ai adressées à votre seigneurie depuis mon arrivée à Londres sont sous presse ; j’y envoie dès ce moment celle-ci : pour la gloire de l’Angleterre, puissé-je avoir le temps d’en