EPITRE aux Canadiens.
Mes chers concitoyens,
e voici depuis sept mois révolus dans le sein de cette Capitale d’Angleterre. Ce n’est point le sentiment vif de mes infortunes individuelles qui seul m’y a conduit et qui m’y fixe. Les calamités intolérables, sous le poids de qui gémit en esclave la province de Quebec, sont un des principaux mobiles de ma démarche. Je me dois d’honneur personnel à moi-même, une réparation authentique et éclatante des indignités accumulées par la tyrannie sur ma personne ; mais le patriotisme, ce point d’honneur national, ne me dicte pas une loi moins stricte et moins sacrée d’essayer de toutes les voies à la portée de mes moyens pour abattre et exterminer ce despotisme en fureur, qui a déclaré et intente tous les jours une guerre si funeste contre la liberté et la félicité de mes Concitoyens. Je commence par l’histoire succincte de mes infortunes et du succès des voies que la protection des lois m’a ouvertes pour venger avec éclat les violences de mon persécuteur ; et je conclurai par étaler sous vos yeux les ressources puissantes que la Constitution et la présente situation politique de l’Angleterre vous préparent pour briser les chaînes qu’un tyran étranger n’a forgées