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Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/91

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des innocents qui la réclament ; c’est donc à moi de répandre la lumière sur tous les allégués, et de mettre mon innocence sous un jour si brillant, qu’il ne reste plus à mes ennemis que la honte et la confusion de l’avoir sacrilègement attaquée.

Ma nomination de Juge-de-Paix date de l’époque même de l’impatronisation des Anglois dans la Colonie, en vertu du Traité de Fontainebleau : le Gouvernement avoit donc appris de bonne heure à estimer le caractère de ma personne : j’en appelle ici à vos propres cœurs sur le retour honorable dont je payai cette consistance publique. Le Tribunal d’un Juge-de-Paix étoit, dans l’aurore de son institution, une Cour de Judicature, où étoient jugés et décidés en première instance non-seulement tout attentat contre la paix publique, mais toute cause de propriété qui n’excédoit pas 3 liv. 15 shellings. Je me fis un système invariable d’être non le juge, mais le médiateur et le pacificateur de mes Concitoyens : dans plus d’une conjoncture, je ne balançai pas d’acheter moi-même leur réconciliation, et d’en payer le prix à l’offensé, ne laissant en partage au coupable que le retour peu dispendieux de son cœur à la vertu. Sur ce plan d’administration, moins judicielle que paternelle, j’aurois cru déshonorer le personnage de conciliateur d’accepter jamais d’autre honoraire que l’honneur de l’administration même. Les épices mêmes du Clerc de mon Office ne furent jamais comptées que de mes deniers.