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LE DÉPÔT.

de discipline et de commandement qui se trouvaient choquées par les étranges soldats qu’il avait à diriger ; il essayait des réformes et poussa l’aberration jusqu’à vouloir faire passer des examens techniques aux officiers fédérés. On pourra juger du degré d’instruction des officiers qui caracolaient alors dans Paris par la note suivante, que je copie sur l’original ; elle émane du commandant des Enfants du Père Duchêne « Citoyen se la mest impossible de pouvoir solder cest voiture puisque je n’aie aucune solde des officier puis qu’ils ont disparut depuis 4 jours cela est hors de ma porter ; je vous salut. — Sanson. » Les officiers furent mécontents à la pensée que l’on pourrait leur demander autre chose que de porter des galons, de boire de l’eau-de-vie et d’aller au feu ; ils déclarèrent, sans circonlocution, que Rossel était « un propre à rien ». C’était le vrai mot : il ne pouvait rien faire ni avec les éléments qu’il avait en mains, ni avec sa perpétuelle hésitation en présence de l’action.

Il sentait qu’il était fourvoyé, mais il n’en voulait démordre, comptant sur un hasard heureux et n’osant peut-être reculer, car il s’était fermé les voies du retour. Du reste, il jugeait bien les hommes. « Je cherchais des patriotes, a-t-il écrit, et je trouve des gens qui auraient livré les forts aux Prussiens plutôt que de se soumettre à l’Assemblée ; je cherchais la liberté, et je trouve le privilège installé à tous les coins de rue ; je cherchais l’égalité, et je trouve la hiérarchie compliquée de la fédération, l’aristocratie des anciens condamnés politiques, la féodalité des ignares fonctionnaires qui détenaient toutes les forces vives de Paris… Ces gueux d’officiers de la Commune, trinquant au comptoir avec quelque sergent, gueux déguisés en soldats et qui transforment en guenilles l’uniforme dont on les a affublés… drôles qui prétendaient affranchir