Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
LE DÉPÔT.

mœurs et celui de la cinquième brigade des recherches établis à droite et à gauche de la Permanence, rue de Harlay-du-Palais. Le capitaine s’était fait guider dans cette excursion par un employé subalterne de la Préfecture, qu’il fit immédiatement arrêter et conduire au Dépôt, car c’était là un témoin qu’il était bon de supprimer jusqu’à l’heure du dénoûment.

Ce même jour, lundi 22, vers quatre heures du soir, un peloton de Vengeurs de Flourens, reconnaissables à leur képi blanc, amena au Dépôt un homme vêtu en fédéré, qui fut écrouè sous le nom de Jean Vaillot, âgé de vingt-huit ans. Le surveillant de service, pour le soustraire aux mauvais traitements dont on l’accablait, le fit rentrer dans la cellule n° 115. Les hommes qui l’avaient escorté restèrent en groupe, dans la cour, devant la porte de la prison, semblèrent se concerter entre eux, envoyèrent un des leurs dans la direction de la Préfecture de police, où Ferré se tenait en permanence en qualité de délégué à la sûreté générale, et attendirent. Pendant ce temps Vaillot écrivait une lettre longue et diffuse par laquelle il réclamait une somme de cinq francs qui lui avait été enlevée au moment de son arrestation. Quel était ce Jean Vaillot ? Un fédéré récalcitrant ? un garde national compromis dans ce que la Commune a appelé la conspiration des brassards ? un des cent cinquante artilleurs que le gouvernement de Versailles avait déguisés et fait entrer secrètement dans Paris ? Nous n’avons jamais pu le savoir d’une façon positive. Le messager expédié par les Vengeurs de Flourens revint, agitant un papier qu’il montra à ses camarades. Ceux-ci entrèrent au Dépôt et communiquèrent au greffier le mandat dont ils étaient porteurs : c’était un ordre d’exécution, qu’il est bon de citer pour prouver avec quelle indifférence ces gens-là disposaient de la vie humaine.