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LA MAISON DE JUSTICE.

n’avons plus de gendarmes ici. » Le fédéré galonné parut surpris. « Il y a erreur, ajouta M. Durlin ; les gendarmes ont été transférés. — Où et quand ? demanda l’officier. — Voyez dans les bureaux de la Préfecture, » répliqua M. Durlin. Le fédéré s’éloigna, revint au bout d’une demi-heure : « Nous ne trouvons rien ; les gendarmes doivent être ici. — Non, reprit le greffier ; du reste, je dois avoir l’ordre, je vais le chercher ; pendant ce temps, visitez la prison ; si vous trouvez un seul des hommes que vous demandez, je ferai les formalités de l’extraction et je vous le livrerai. » Puis, s’adressant au surveillant Génin, qui avait compris de quoi il s’agissait, il dit : « Ouvrez les cellules, afin que le citoyen délégué puisse se convaincre qu’elles ne renferment aucun soldat. »

Le délégué fit consciencieusement son devoir ; il inspecta tous les cabanons les uns après les autres, y vit fort peu de prisonniers en dehors des détenus criminels : un garçon d’hôtel, deux gardiens du passage Vivienne ; mais il n’y aperçut pas un gendarme. On se garda bien de le conduire au « quartier des cochers », dont il ignorait l’existence. Le délégué était stupéfait, mais il était bien forcé de s’en rapporter à la constatation qu’il venait de faire lui-même. « Mais les gendarmes, où sont-ils donc ? demanda-t-il en rentrant au greffe. — Il y a trois ou quatre jours, je ne me rappelle plus au juste, dit le surveillant Rambaud, qu’on les a reconduits à la Roquette. — Voici l’ordre de transfèrement, dit M. Durlin, qui passa au délégué le mandat que l’on avait mis à exécution le 19 et le 20, en transportant les premiers gendarmes amenés à la Conciergerie. Le délégué le lut : « C’est vrai, on s’est trompé. » Il se retira en saluant : « Fâché de vous avoir dérangé ! » Le directeur Deville assistait à cette scène, il savait à quoi s’en tenir et ne souffla mot ; une parole