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LA MAISON DE JUSTICE.

roc et ne fermaient pas trop durement la porte au nez des fédérés qui venaient voir « leur bonne amie ». On peut croire que Saint-Lazare eut quelques distractions pendant la Commune.

Les mises en liberté étaient fréquentes ; Raoul Rigault s’en occupait lui-même, ainsi que le prouve la lettre suivante, adressée au directeur : « Par ordre du citoyen procureur de la Commune, vous envairez chaque matin au secrétariat général de son parquet, au Palait de justice, l’état des entrées et des sorties de la maison que vous dirigez. Salut et égalité. — Le secrétaire général, G. Fourrier. — 4 mai 1871. » Une autre lettre, sans date, mérite d’être citée à cause du bon sentiment qui l’inspire et de la naïveté du style : « Je prie le citoyen directeur de la prison de Saint-Lazare de laisser communiquer la citoyenne X… pour une question d’humanité. Elle veut porter à allaiter l’enfant à sa mère. Surveillez-la afin de me mettre à couvert ; mais je pense que la République ne doit point priver l’enfant du sein de sa mère. — Le chef de la sûreté, Cattelain. » On tenait, paraît-il, à ce que la prison fût souvent inspectée ; mais un des inspecteurs généraux, George Michel, ne savait trop comment assurer ce service, car il n’était pas en rapports bien constants avec son personnel en sous-ordre. Le 18 avril, il écrit au directeur de Saint-Lazare : « Avez-vous reçu la visite de l’inspecteur ? Je vous prie de me donner son nom et son adresse, si vous les connaissez… » En revanche le citoyen Michel ne dédaignait pas de conduire lui-même des détenues à Saint-Lazare ; cela du moins semble ressortir de la lettre suivante qu’il adressa à Mouton. « Paris, le 11 mai 1871. Citoyen directeur, je vous prie de faire transférer immédiatement a la préfecture de Police, les 12 créatures que je vous ai amenées hier soir, provenant du poste Bonne Nouvelle. Vous voudrez