Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/174

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gravures. Celui-ci fit un procès, et Gabriel Ranvier fut condamné à des dommages-intérêts. Au lieu de redoubler d’efforts et de réparer par son travail la perte d’argent où sa légèreté l’avait entraîné, il rumina des projets de vengeance, parla de « la revendication des droits du travailleur », et fut mis en faillite. De ce jour il fut perdu. Il s’en prit à l’état social dans lequel il vivait, « à la tyrannie du capital, à l’égoïsme des classes dirigeantes » ; il s’en prit de sa mésaventure à toutes sortes de lieux communs, au lieu de s’en prendre à son inconduite et à son incapacité. Il rechercha les hommes de désordre, s’affilia aux sociétés secrètes devint orateur des clubs et fit si bien qu’il fut condamné à la prison vers la fin de l’Empire ; le 4 septembre le libéra.

La chute de l’Empire, qu’il accusait de tous ses maux, ne lui suffisait pas ; il était affilié à l’Internationale, qui liquiderait la question sociale, et lié avec Gustave Flourens, qui résoudrait le problème politique. C’est assez dire qu’il n’appartenait qu’à la violence. On le vit bien au 31 octobre ; il fut un des envahisseurs de l’Hôtel de Ville, un de ceux qui demandèrent que l’on « jetât le gouvernement à la Seine ». À ce moment, il était commandant du 141e bataillon ; il fut révoqué, ce qui engagea les électeurs à le nommer maire du XXe arrondissement. Il était failli non réhabilité : c’était un cas d’incapacité qui permit d’annuler légalement l’élection. Dès lors il réclame la substitution de la Commune au gouvernement de la Défense nationale. Le 29 décembre 1870, il signe l’affiche rouge « Place au peuple ! place à la Commune ! ». Arrêté, il est délivré le 22 janvier avec Flourens. Le 18 mars, c’est lui qui s’empare de l’Hôtel de Ville Il avait une certaine astuce, dont il donna preuve le 20 mars en qualité de membre du Comité central, car c’est lui