Page:Du Camp - Les Convulsions de Paris, tome 1.djvu/175

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qui rédigea l’avis par lequel on prévient la population que les Versaillais ont expédie des repris de justice à Paris pour commettre des méfaits, afin de ternir l’honneur « du peuple ». Il avait prévu sans doute les excès auxquels lui et les siens allaient se livrer, et essayait, au début même de l’insurrection, d’en rejeter la responsabilité sur le gouvernement de la France[1].

Dans les conseils de la Commune, il ne manqua pas de frénésie ; son irrésolution naturelle, qu’il n’ignorait pas, le poussait aux déterminations excessives ; il avait peur de paraître faible, et afin de se donner à lui-même un brevet d’énergie, il sut toujours dépasser la violence des plus violents. Le 24 mai, il ne quitta l’Hôtel de Ville qu’au moment ou les flammes en jaillissaient. Les derniers ordres d’extermination furent signés par lui ; nous le retrouverons à la mairie de Belleville lors du plus grand crime que la Commune ait à se reprocher.

C’était le frère de cet homme qui venait de prendre la direction de Sainte-Pélagie ; il était dur, ivrogne, toujours au comptoir des marchands de vin du quartier, peu délicat dans le choix de ses plaisirs, fort embarrassé en présence des registres, des paperasses de toute sorte qu’il voyait dans le greffe et sachant d’autant moins comment il se tirerait de « ce grimoire », que M. Beauquesne, le greffier normal, avait en le bon esprit de partir en emportant les livres de comptabilité.

  1. « Hôtel de Ville de Paris, le 20 mars 1871. — De nombreux repris de justice, rentrés à Paris, ont été envoyés pour commettre quelques attentats à la propriété, afin que nos ennemis puissent nous accuser encore. Nous engageons la garde nationale à la plus grande vigilance dans ses patrouilles. Chaque caporal devra veiller à ce qu’aucun étranger ne se glisse, caché sous l’uniforme, dans les rangs de son escouade. C’est l’honneur du peuple qui est en jeu ; c’est au peuple à le garder. » (Suivent, les signatures de trente-six membres du Comité central.)