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LA SANTÉ.

vèrent la prison. L’influence qu’ils exerçaient sur le directeur trouva promptement une occasion de se manifester. Aussitôt après l’arrestation des généraux Chazxy et de Langourian, le secteur avait envoyé quatre délégués qui devaient rester en permanence à la Santé pour surveiller les prisonniers d’État, s’assurer de leur présence et prescrire toutes précautions afin d’éviter qu’ils ne s’évadassent[1]. Les généraux avaient été relaxés, mais les délégués, qui ne se trouvaient point mal à la prison, où ils commandaient en maîtres et n’avaient rien à faire, ne s’empressaient point d’aller reprendre leur service militaire.

Les greffiers firent comprendre à Caullet que la présence de ces délégués était un outrage à son autorité, et qu’il était de sa dignité de les renvoyer au secteur d’où ils étaient venus. Caullet, pour mieux conduire cette négociation, emmena les délégués chez le marchand de vin, leur paya largement à boire et réussit à en débarrasser la maison. De ce moment, les greffiers et les surveillants s’entendirent pour laisser quelque liberté aux otages ; la porte de leur cabanon ne fut plus trop rigoureusement fermée, ils purent communiquer et se promener ensemble dans les couloirs.

On avait remarqué qu’il y avait deux hommes dans Caullet, l’homme du matin et l’homme du soir. Celui du matin était débonnaire, facilement amené aux bonnes inspirations, car il était à jeun et livré à lui-même ; celui du soir était tout autre : il faisait de l’autorité à tort et à travers ; il allait s’assurer si les détenus étaient

  1. « Ordre au directeur de la prison de la Santé d’admettre les quatre délégués du Comité central du xiiie arrondissement, pour exercer une surveillance spéciale sur les deux généraux et autres officiers enfermés dans ladite maison, et de n’entraver en rien leur surveillance, faute de quoi il aurait à répondre devant le comité de la garde nationale. » Pas de signature, pas de date, mais le timbre : état-major de la garde nationale : xiiie arrondissement